Baudelairiana

Concert symphonique

PETIT PALAIS
Avenue Winston Churchill, Paris 8

 Vendredi 21 septembre │ 19H
Durée : ~80′

Secession Orchestra │ orchestre
Clément Mao – Takacsdirection

Œuvres de Debussy

« La musique souvent me prend comme une mer !
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
Je mets à la voile ;

La poitrine en avant et les poumons gonflés
Comme de la toile,
J’escalade le dos des flots amoncelés
Que la nuit me voile ;

Je sens vibrer en moi toutes les passions
D’un vaisseau qui souffre ;
Le bon vent, la tempête et ses convulsions

Sur l’immense gouffre
Me bercent. D’autres fois, calme plat, grand miroir
De mon désespoir !. »
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal : La Musique

« – Qui aimes-tu le mieux, homme enigmatique, dis? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère?
– Je n’ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.
– Tes amis?
-Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
– Ta patrie?
– J’ignore sous quelle latitude elle est située.
– La beauté?
– Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
– L’or?
– Je le hais comme vous haïssez Dieu.
– Eh! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger?
– J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages! »
Baudelaire: Petits poèmes en prose : L’Étranger

En clôture de l’édition 2018 du festival INTERVALLES, Clément Mao-Takacs a choisi de présenter un programme original s’inscrivant idéalement dans les célébrations de l’Année Debussy, et dont la poésie de Charles Baudelaire sera le fil conducteur.

Profondément inspiré par la poésie baudelairienne, Debussy écrivit plusieurs mélodies sur des textes du poète, ainsi que des pièces instrumentales ou orchestrales que l’on peut rattacher à l’univers baudelairien. Avec ce concert, nous plongerons dans une atmosphère symboliste, post-wagnérienne, où le poète-musicien, tel un prophète, déchiffre les signes que lui offre la Nature et révèle au monde les « correspondances » mystérieuses et multiples d’une synesthésie raffinée et sensuelle.

La poésie de Baudelaire nous invite à regarder le monde comme étant composé de signes/symboles qui se répondent, depuis le passé jusqu’au présent, de la vie inconsciente à la conscience la plus lucide, de ce qui fut à ce qui est. Cette lecture herméneutique de la vie est la seule qui permette de supporter ce balancement perpétuel entre rêve et réalité, spleen et idéal, ennui et enthousiasme qui afflige et construit tout être, et, au premier rang, l’Artiste. Du désespoir et du mal-être naissent ces désirs lancinants pour des lointains, des horizons vagues, des unions parfaites et impossibles.

A la suite de Baudelaire, partons pour ces voyages et des mondes rêvés, et naviguons heureux, emportés par les vagues, dans l’ivresse du vent et de l’écume d’une mer tour à tour sauvage et consolatrice, si souvent assimilée par le poète à la musique, et dont Debussy, avec ses Trois esquisses symphoniques qu’il appela La Mer, sut rendre toute la poésie faite de calme mystère et d’éclatante beauté.

Sauf mention contraire, toutes les pièces sont interprétées dans des orchestrations ou arrangements réalisés par Clément Mao – Takacs pour SECESSION ORCHESTRA.