Concert d’ouverture du Festival + HÉROÏDES / HÉROÏNES

Concertino suivi d’un récital chant et piano

 Église Saint Barthélemy
Rue des Cordeliers, Boutigny-sur-Essonne

Vendredi 22 Juin | 20H30
Durée : ~70′

Marion Lebègue │ mezzo soprano
Clément Mao – Takacs │ piano
Enfants de la commune en lien avec le Conservatoire de Musique des 2 Vallées

Berlioz, Bizet, Debussy, Duparc, Gounod, Hahn, Massenet, Poulenc…

« Je sais maintenant le mal dont je souffre et que je traîne : c’est toi. C’est vivre sans toi. Je te cherche partout comme un pauvre chien aveugle et je me couche pour une minute. Je me lève et je te cherche ailleurs. Vivre sans toi est atroce. Un supplice que je ne mesurais pas avant qu’il se prolonge. Je crois, mon ange, que le vrai drame commence et que nous serons peut-être séparés par le silence. Sache que je t’écris chaque soir et que je dépose ma lettre en bas pour qu’elle parte le matin. Je n’existe que par toi. Sans toi je suis seul au monde. »
Jean Cocteau, Lettre à Jean Marais

Je suis loin de toi, donc je t’écris. Tu m’as abandonné.e, tu m’as délaissé.e, le monde nous a séparés : il ne me reste plus qu’à t’appeler. Et je t’appelle du fond de mon cœur, du fond de mon âme, depuis ce lieu où je gîs. J’écris pour te faire entendre ma voix, ma voix qui chante ma plainte. Car ce monde n’a plus de sens sans toi et je veux qu’il résonne tout entier de mes cris jusqu’à ce qu’ils te parviennent ; je veux que mes larmes forment des fleuves sur lesquels ta barque pourra naviguer jusqu’à moi ; je veux que l’écho de ma douleur, même affaibli, soit encore si puissant que d’autres que toi en soit ému.e.s des siècles durant. Oh, je sais bien que tout cela est vain et que tu ne reviendras pas.

Mais dans cet intervalle qui se dessine entre toi et moi, dans ce manque – tout à la fois offense, faute, absence de ce qui est nécessaire – j’aperçois le visage exact de mon amour, et je le chante avec ivresse, pour bercer mon chagrin autant que pour me souvenir de tout ce qui fut toi. Car je t’aime comme jamais l’on n’aimât, et je veux que tou.te.s en gardent souvenance ; par mes mots patiemment tressés avec art ou jetés en un furieux désordre, tu entres dans l’éternité, et je te recrée, par la parole, étoile lointaine, corps glorieux, ligne d’horizon…