MÉTAMORPHOSES

Britten, Debussy, Falla, Händel, Hahn, Mompou, Purcell, Ravel

« Était-il une bête, pour être à ce point ému par la musique ?
Il avait le sentiment d’apercevoir le chemin conduisant à la nourriture inconnue dont il avait le désir. »
Franz Kafka, La Métamorphose

Un homme devient une montagne ; une jeune fille un arbuste; un dieu devient poudre d’or ou cygne, un athlète devient fleur ; un piano devient clavecin, un clavecin guitare, une guitare harpe, une harpe lyre ; une musique du 20ème siècle devient musique de cour du 18ème siècle, un prélude pour piano seul musique d’ensemble…

Tout, dans ce concert, semble destiné à changer de nature : rien n’est figé et tout se transforme. Par leur art, les compositeurs transmutent la matière comme de savants alchimistes, et sous nos yeux ébahis ont lieu avec une simplicité extrême des métamorphoses surnaturelles.

D’une pièce à l’autre, une âme unique migre de corps en corps : est-ce le souffle de la voix, de la flûte, le gémissement du violon ou le son du vent dans les roseaux ? Est-ce un esprit qui nous parle, ou un être fait de chair et de sang ? Le bois dont sont faits ces instruments n’étaient-ils pas arbres ? Ces cordes ne furent-elles pas boyaux ? Est-ce un corps supplicié dont nous entendons la plainte comme l’écho d’un écho ? Il n’est pas certain que nous sortions indemnes de cette expérience risquée, et le risque est grand de nous retrouver métamorphosés… Quel.le téméraire osera s’aventurer ici, au frontière de l’Inconnu et de l’Inouï ?