PORTRAIT DE L’ARTISTE EN JEUNE HOMME

Concert orchestre

HOPITAL BRETONNEAU
23 rue Joseph de Maistre, Paris 18

 Jeudi 20 septembre │ 20H
Durée : ~70′

Secession Orchestra │ orchestre
Clément Mao – Takacsdirection

Œuvres de Debussy

« Immerger sa vie dans le flot des communs des autres existences lui paraissait plus difficile que n’importe quel jeûne ou quelle prière et il n’y réussissait jamais à sa propre satisfaction, ce qui finissait par créer dans son âme la sensation d’une sécheresse spirituelle, ou les doutes et les scrupules allaient s’accentuant. Son âme traversa une période de désolation. »
James Joyce, Portrait de l’artiste en jeune homme

Ce titre emprunté à James Joyce nous fait découvrir un tout jeune Debussy : celui qui, encore influencé par Massenet, saoulé de Tchaikovsky, fasciné par Wagner au point de s’en méfier et de ne vouloir pas être l’une de ses nombreuses copies, séduit par Moussorgsky, cherche sa voie personnelle – sa « voix » a-t-on envie d’écrire.

Car si l’on reconnaît ici ou là le parfum d’une harmonie caractéristique, une tournure mélodique familière, un usage un peu vain de quelques « trucs » glanés dans les cours de composition, il faut également louer dans la plupart de ces pièces de jeunesse l’éclair du génie debussyste : d’emblée, il y a chez lui une élégance, une concision remarquables ; un sens du tragique et du drame aussi, jusque dans de petites pièces d’agrément ; une sensualité qui soudain déborde comme un cœur trop plein et qui ne sait plus comment donner tout ce qui est en lui ; un sens inné du rythme.

En lisant, en écoutant la production de ce jeune homme, on comprend mieux comment ce jeune compositeur se fraye un chemin jusqu’à ces chefs-d’œuvre que sont le « Clair de Lune », le « Prélude à l’Après-Midi d’un Faune », « L’Isle Joyeuse » : butinant, assimilant, mêlant, il invente son propre monde sonore, qui émerge peu à peu avec de plus en plus d’assurance et de clarté – et deviendra à son tour un jour une institution telle que d’autres jeunes hommes éprouveront le besoin de s’opposer au « debussysme »… Mais pour l’heure, savourons simplement ensemble le bonheur de d’assister à la naissance d’un artiste s’affirmant dans un élan juvénile !