UT PICTURA MUSICA

Debussy

« Et dans un tableau, je voudrais dire quelque chose de consolant comme une musique.
Je voudrais peindre des hommes ou des femmes avec ce je ne sais quoi d’éternel, dont autrefois le nimbe était le symbole
et que nous cherchons par le rayonnement même, par la vibration de nos colorations. »
Vincent Van Gogh, Lettres à son frère Théo

Peinture et musique entretiennent un rapport si étroit qu’un même vocabulaire les unit : ainsi l’on parle de chromatisme, de figuralisme, d’harmonie(s), de couleur(s), de rythme(s), de composition(s)…

Certains peintres, tel Kandinsky ou Whistler, se firent une spécialité d’effacer les frontières et de créer un doute sur ce que l’on voit : est-ce de la peinture, ou l’écho d’une musique, ou une musique des couleurs, ou encore une musique silencieuse bien que rigoureusement organisée ?

De même, certains compositeurs se sont sentis attirés par les formes picturales, y voyant une manière d’ouvrir le champ formel de la composition. Debussy brille par son emploi de titres qui, presque tous, lorgnent et rognent sur le champ lexical des arts plastiques : esquisses, images, estampes, nocturnes…

Autant d’allusions à des œuvres graphiques, ce qui pourrait sembler surprenant pour un compositeur si amoureux et respectueux de ce que la musique peut avoir d’unique et d’indicible, et qui sa vie durant, se plaiginit de toutes les réalisations scéniques – donc visuelles – de ses ouvrages, et fantasma comme nul autre sur l’orchestre-fantôme de Wagner, poursuivant des recherches d’alchimie sonore inouïes – et parfois à la limite de l’audible par leur radicalité.