Portraits de femmes

Œuvres de Bizet, Debussy, Massenet, Puccini, Verdi

« D’abord, dit Henrietta, tu t’imagines que tu peux mener une existence romantique, que tu peux vivre pour ton plaisir et pour celui des autres. Tu découvriras que c’est une erreur. Quelle que soit la vie que l’on mène, il fut y mettre son âme pour qu’elle soit une réussite ; et, à partir du moment où tu t’y efforces, la vie cesse d’être un roman, crois-moi, pour devenir une réalité brutale ! Et tu ne peux toujours te plaire à toi-même ; tu dois parfois contenter les autres. Cela, je l’admets, tu es prête à le faire mais une nécessité plus importante encore s’impose : tu dois souvent mécontenter les autres. Tu dois toujours à y être prête ; tu ne peux t’y dérober. Cela ne te va pas du tout ; tu aimes trop être admirée et que l’on pense du bien de toi. Tu crois que l’on peut échapper aux devoirs déplaisants en adoptant des opinions romantiques ; voilà ta grande illusion, ma chérie. Car c’est impossible. Il faut se préparer à déplaire dans la vie, souvent, à beaucoup de gens, et parfois aussi à soi-même. »
Henry James, Portrait de femme

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En français et en italien, Irina de Baghy et Clément Mao – Takacs nous offrent une véritable galerie de portraits de femmes : indépendantes, émues, mutines, conquérantes, elles chantent l’amour fou, le désespoir absolu, la révolte devant l’horreur. Carmen, Azucena, Charlotte, Tosca… : celui ou celle qui s’attache à écouter à la fois les paroles que prononcent ces femmes et la musique qui les porte est frappé par leur force et leur justesse.

Ces femmes se débattent avec la vie, les usages, les conventions, tracent leur chemin en dépit des préjugés, dénoncent la lâcheté des hommes par leur propre conduite toujours digne. Loin d’être de pures créatures fictionnelles, ces héroïnes d’opéra nous parlent de notre temps et tendent à notre société un miroir sans concession : chantage sexuel, parole étouffée, injustices et inégalités…

Ce sont des femmes engagées, parce qu’elles mettent à vivre toute leur âme et jusqu’à la mort s’il le faut ; et ainsi que le rappelle l’un des personnages du livre de Henry James, leur existence entière est un difficile apprentissage pour apprendre à échapper aux clichés, aux carcans, aux cadres imposés par la société.

Par leur courage, ces femmes nous inspirent et nous éclairent : ces portraits sont là pour dire et nous faire réfléchir sur la difficulté d’être femme dans une monde dominé arbitrairement par les hommes. Vous attendiez une série de sages portraits de femmes rangées : nenni, voici des femmes aux caractères bien trempé, qui font face à leur destin comme au devoir avec énergie et pragmatisme !

Sauf mention contraire, toutes les pièces sont interprétées dans des orchestrations ou arrangements réalisés par Clément Mao – Takacs pour SECESSION ORCHESTRA.